Des liens entre mortalité accrue, contamination et génétique ?

Modifié par Mirnabousser

Il faut peut-être aller voir comment ce virus, un parasite qui est obligé d'entrer dans des cellules pour faire son cycle de vie et se multiplier, s'y prend pour s'accrocher à nos cellules. 

Le SARS-CoV2 s'attaque aux fonctions respiratoires. À sa surface, il y a une protéine en forme de pointe nommée Spike (en bleu turquoise sur la représentation ci-dessus). Cette protéine va se lier au récepteur de l’enzyme ACE2 qui se trouve à la surface de nos cellules, notamment pulmonaires. Lorsque cette enzyme est abondamment exprimée dans le corps d'un individu, le virus pénètre facilement l’organisme, il est donc plus facilement contaminé.  

L’observation des enfants et adolescents qui expriment peu l’enzyme ACE2 dans leurs cellules  semble aller dans ce sens. Mais on ne comprend toutefois pas l’importance relative des décès uniquement en regardant l'expression de l'enzyme ACE2. ACE2 est impliquée dans la régulation de l'hypertension et dans les phénomènes inflammatoires (qui permettent de combattre les microbes responsables de maladies). 

Le gène qui code pour cette enzyme a plusieurs allèles. Ceux-ci ne varient que d'un seul nucléotide ou de deux.

Représentation de l'alignement d'une partie de la séquence des allèles du gène ACE2

Une étude menée sur 86 patients dans la population kurde (très touchée par la pandémie) a permis de comparer les séquences des allèles des différents patients. Cette étude montre le "polymorphisme" de ce gène : il y a un grand nombre d'allèles possibles dans la population (rappel : chaque individu possède deux allèles parmi tous ceux-là, soit deux fois le même, soit deux versions différentes).

Les noms qui apparaissent en début de ligne sur la représentation ci-dessus ("Control", "Duhok", etc.) correspondent aux noms des personnes qui ont été analysées dans cette étude (c'est un code, il ne s'agit pas de leur vrai nom). On a obtenu ces séquences d'allèles suite à une analyse par PCR (amplification en chaîne de polymérase) de leur ADN.
On peut voir par exemple que la personne nommée "Control-72-C-E2R" a un allèle du gène ACE2 qui a la même séquence que la personne nommée "Slemani-3-S-E2R".

Comment lire cette représentation ?

  • les lettres de la 1ère ligne sont les noms des nucléotides (les "briques unitaires" qui constituent l'ADN : A = adénosine triphosphate, C = cytosine triphosphate, G = guanosine triphosphate et T = thymidine triphosphate) ;
  • les flèches marquent la position des nucléotides : 12405, 12407 et 12408 ;
  • un point signifie que c'est le même nucléotide que l'on retrouve dans la séquence complète de la première ligne ;
  • un tiret signifie que le nucléotide a été perdu ("délétion") ;
  • une lettre dans les autres lignes signifie qu'un nucléotide a été remplacé par un autre (ex. : pour l'allèle Control-72-C-E2R : un G est à la place du T en position 12407 ; cela est dû à une mutation qui a eu lieu dans les cellules à l'origine des ovules ou des spermatozoïdes, qui a été conservée au cours des générations, appelée "substitution").

Cet polymorphisme a peut-être un lien avec le nombre de contaminations et de décès dans la population. Si une population a une forte hétérogénéité de la distribution de ces allèles, des individus possédant certains allèles dits "avantageux" au regard de la contamination par le virus seront moins atteints, alors que d'autres, qui possèdent des allèles dits "délétères" seront plus atteints. 

Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.fr
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